mardi 29 août 2017

Cruellement vôtre.



Il fait jouer ses mains au dessus de la flamme sans me quitter des yeux, laisse parfois glisser sa paume pour l'étirer. Lumière frémissante, envoûtante, qu'il cajôle sans ciller. Juste assez près pour sentir la chaleur qu'elle émane, juste assez loin pour ne pas se brûler. Un demi-danger qu'il pense contrôler, un jeu facile qui n'aurait pour conséquence qu'une vilaine cloque à percer... 
Toujours le regard punaisé au mien, il finit par retirer ses mains, m'invite en silence à prendre part à ce qui pourrait devenir un défi. Je garde mon sang-froid, du moins je le crois, caresse timidement la flamme qui se couche sous mes doigts. C'est chaud c'est doux, je voudrais m'en saisir mais elle s'échappe et me punit sans équivoque, complètera alors ma collection de brûlures idiotes. Je la frôle, l'agite, me demande comment ce serait, de toucher le feu. Est-ce que ça rape, est-ce que ça pique ? Est-ce que je peux en avoir un peu ? Je cherche une forme propre à cette image qui brûle ma peau, comme on chasserait un mythe. Elle me semble tendre et légère, elle danse, m'invite.
Il pousse ma main d'un geste prévenant, me semble faillir l'espace d'un instant. Décroche enfin ses rétines. Pince la flamme, éteint l'idylle.